Mais non, bien sûr.
Est-on à la piscine, un jour de grave excès de chlore ?
Certes non ! On ne plaisante pas avec le taux de chlore, surveillé plusieurs fois par jour par les employés du centre sportif.
Cette coloration temporaire de l’eau du bassin, en avril 2019, a été un des tests qu’a réalisés le bureau d’études LCO, missionné en 2018 pour faire un diagnostic du fonctionnement du traitement de l’air et de l’eau à la piscine au Belvédère. Ce test colorimétrique devait montrer si l’eau était bien brassée de façon homogène dans tout le bassin depuis les 3 bouches de refoulement vers les 2 skimmers (récupération de l’eau de surface) et la bonde (aspiration au fond).
Le colorant (spécial piscine) a été injecté depuis le préfiltre d’une pompe du local technique du vide sanitaire. Très vite, sa diffusion a montré un déséquilibre du panache coloré, qui se concentre du côté de la façade vitrée et n’atteint la rive opposée qu’après 15 minutes. Rien de très grave, la petite taille du bassin (90 m3) et l’absence de renfoncement facilitent la diffusion, qu’il faudra mieux équilibrer. Bien joli spectacle, en tout cas…
Autre test important, celui du brassage de l’air envoyé dans le volume de la piscine. L’air frais arrive depuis une prise d’air au milieu de la façade ouest et alimente la centrale de traitement d’air (énorme moteur coincé dans le vide sanitaire de 1,40 m de haut), jamais changée depuis 1972. Celle-ci propulse l’air vers la piscine par 12 grilles de ventilation intégrées à la banquette sous les vitrages; 2 extracteurs au plafond près du mur opposé aspirent l’air vicié vers l’extérieur.
Le test fumigène a démontré d’autres dysfonctionnements majeurs. Peu après la pose d’une cartouche de fumigène devant la prise d’air extérieure, l’alarme incendie s’est déclenchée dans le vide sanitaire. Les gardiens ont rapidement arrêté l’alarme, provoquée par la fumée du test : les conduites de ventilation vers la piscine ne sont donc pas étanches. Le test a ensuite montré que l’air frais sortant des bouches (de façon très inégale) va directement vers le haut sans balayer la surface du bassin, puis stagne longtemps sous la toiture avant de s’évacuer en 30 minutes (le test dure au plus 15 minutes). Pendant cette trop lente extraction, l’air frais continue à entrer dans le volume et le refroidit.
Verdict : le brassage de l’air est très insuffisant (53%), les extracteurs sont mal placés, le bassin n’est pas balayé, d’où une concentration de chloramines en surface. L’air chargé d’eau n’évacue pas la vapeur d’eau du bassin, la condensation est forte sur les vitrages. Globalement, le traitement de l’air est très déficient, les radiateurs sont inefficaces et constamment rouillés par les projections. C’est donc toute la conception du traitement d’air qui est à revoir.
Sans entrer dans les détails trop techniques, le nouveau système ne sera plus en simple flux (entrée / sortie de l’air) mais à double flux (la chaleur en sortie est récupérée et réinjectée dans le système). L’air neuf est chauffé, le degré d’humidité dans l’air et les débits d’air sont régulés en permanence, la chaleur en sortie est récupérée. La CTA (centrale de traitement d’air) régule donc en permanence la circulation de l’air dans tout le volume de la piscine. L’été, on stoppe la réinjection de la chaleur sortante. Les deux extracteurs en toiture (changés en 2012) sont conservés et activés en cas de grosse chaleur.
La centrale de traitement d’air d’origine reste en place (évacuation trop difficile), la nouvelle prend place au-dessus du local technique de la piscine, cachée par le volume de la piscine en façade nord-est. Depuis cette installation (qui reste à l’air libre), l’air frais est distribué dans le volume de la piscine par des conduits de section rectangulaire en façade ouest, d’autres conduits sur le mur opposé récupèrent l’air et le renvoient dans la CTA toute proche.
Outre la CTA, dont les travaux seront proposés à l’assemblée générale de mai 2020 (choix de l’entreprise), tout un programme de rénovation dans le local technique de la piscine s’achève début février (nouvel échangeur, passage de toutes les tuyauteries en PVC, réparation d’une pompe, etc.). De plus, l’eau de la piscine sera désormais en partie alimentée par un skid, dispositif installé par la CPCU (chauffage urbain parisien) dans les sous-sols, qui permet de récupérer la chaleur des condensats, gratuitement !
Enfin, une fois que la nouvelle centrale de traitement d’air sera installée – possiblement en 2020 – il restera à changer les vitrages de la piscine et du hall pour une parfaite étanchéité. Ces travaux seront aussi proposés au vote en mai 2020. De quoi prévoir une belle inauguration de la piscine rénovée, plus que jamais le joyau du Belvédère !