QUIZ ARCHI #4

Publicité pour lunetier chic ?
Très chic, cette enseigne de lunetier…

Non, bien sûr, beaucoup auront suivi la piste marbrière et fait un saut dans le hall vers la galerie depuis l’entrée Jaurès. Des lunettes, des violons, des demi-lunes, debout, couchés, plaqués ou en saillie, par deux, par six, un vrai vol de mouettes affolées, figé dans le marbre, pris dans les reflets du dehors ! 

La piste des oiseaux est la bonne : ce Michel Deverne, artiste et plasticien des Trente Glorieuses, a dispersé sur des murs du monde entier de grandes fresques abstraites sur le thème du mouvement, de la vibration des matières et des formes : de l’art cinétique, disait-on à cette époque fan de technologie triomphante et de vitesse (RER, TGV…). Les œuvres utilisent le marbre, le granit ou la pierre de Bourgogne, matières intemporelles, mais aussi les nouveaux matériaux de l’époque, l’aluminium, l’acier Corten, l’inox, le laiton…

Ses œuvres – dans des ambassades, de grandes entreprises, des radios publiques, etc. – célèbrent le dynamisme des commanditaires; ce sont aussi souvent des commandes publiques, par le fameux 1% artistique créé par l’État en 1951 et très utilisé par les villes depuis les années 1980, souvent intégrées à l’espace urbain (à la Défense, 30 000 m2 de mosaïque de Michel Deverne recouvrent des cheminées d’aération…).   

Mais pourquoi donc cette commande au Belvédère, un espace privé ? On ne trouve que quelques grandes fresques dans des halls résidentiels (mosaïque colorée au 7-9 rue Curial, puissante fresque en marbre de Carrare rue Lecourbe). Souvenons-nous : Le Belvédère, conçu par un architecte peu connu, Gérard Escande, est construit par l’entreprise Bouygues (qui participe aussi au financement), qui veut faire de son premier bâtiment d’habitation dans Paris un modèle de modernité, de mixité fonctionnelle, de mouvement : ce hall est un vrai espace public parisien, d’où cette commande à Michel Deverne.

1976 Rue Lecourbe
1976 – Bas-relief rue Curial
Epsilon 108×126
1978 – Relief B chromatique alu et alu laqué 250×242

 
 
 

 

 

 

 

Un dernier angle de vue sur notre fresque sans titre : cet artiste de la grande échelle faisait aussi de la sculpture, des dessins d’étude, de minuscules collages à base de feuilles colorées, sérigraphiées ou peintes, puis découpées et assemblées. Ce travail intime poursuivi parallèlement aux grandes œuvres lui permettait de travailler le motif, ces formes simples répétées, inversées, répétées, subtilement colorées. Dans ces feuilles fragiles (qu’on peut acheter pour quelques milliers d’euros sur les sites d’enchères artistiques) s’est forgé l’agencement subtil des formes qui va créer le vol de mouettes (la danse des violons, l’exposition lunetière…), de notre fresque de marbre.

1970 – Gouache papier 44×44
1970 – Gouache papier 44×44
1970 – Gouache papier 43,5×43,5
1985 – Collage

 
 
 
 
 

 

 

 

 

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