QUIZ ARCHI #3

Paysage post-nucléaire ? Sombre rêverie d’artiste ?

Non, bien sûr. Les plus perspicaces auront reconnu l’état antérieur du corps de la fontaine de la galerie à rez-de-chaussée. Il vient d’être enfin rénové, pour une prochaine remise en eau du bassin. C’est l’occasion de tenter de percer le mystère de cette fameuse fontaine mais aussi de (re)découvrir ce promenoir lumineux caché dans le socle du Belvédère, avec ses 16 lots commerciaux autour du patio.

 

 

 

 

 

 

 

L’ancien bassin devenu jardinière au niveau du jardin

Le mystère de la fontaine ! Un jet hardi montait-il sur plus de 6 mètres du rez-de-chaussée jusqu’au jardin, aspergeant les passants de l’étage ? La fontaine était-elle à l’air libre, par la trémie, ou déjà couverte par le plancher de pavés de verre qu’on connait ? Une chose est sure : le bassin à l’étage, qui n’était plus en eau dans les dernières années, a été transformé en jardinière devant le bâtiment B. 

Plans de l’architecte Gérard Escande, datés d’août 1969 : à l’étage, la fontaine part d’un bassin peu profond devant le bâtiment B, dont l’eau – à travers une grande ouverture dans la dalle – descend en cascade jusqu’au bassin de la galerie à rez-de-chaussée.

Pour départager les souvenirs des pionniers et pionnières, il fallait remonter aux sources : le plan de l’architecte, Gérard Escande. D’après ce plan, en 1972, la fontaine du rez-de-chaussée se développait sur deux niveaux, du 1er étage au rez-de-chaussée, à travers une trémie ceinturée par des garde-corps. Les bourrasques du vent d’ouest stoppé par le bâtiment B, fréquentes dans le jardin, pouvaient en effet pousser le jet sur les passants (souvenir vivace de plusieurs résident(e)s).
Après quelque temps, la trémie aurait été fermée avec des pavés de verre, la fontaine de la galerie à rez-de-chaussée devenant le plus modeste jet d’eau dont chacun se souvient, avant d’être mise à l’arrêt pour cause de rouille depuis une dizaine d’années. Des garde-corps ont été posés au début des années 2000 pour empêcher les enfants de courir sur cette couverture fragile (dont les joints fuyards sont réparés de façon récurrente).

La complexité du projet aurait-elle, au dernier moment, poussé l’architecte à installer un simple jet d’eau en direction du premier étage ? Aurait-il tout simplement renoncé à lier galerie et jardin par cette ambitieuse installation urbaine et posé tout de suite ce plafond de verre au-dessus du bassin ? Le débat mémoriel reste ouvert…

Il reste que cette fontaine, comme le balcon du jardin sur le patio, témoigne d’une ambition urbaine forte : traiter le socle du Belvédère comme un grand îlot mixte liant visuellement le jardin au pied de logements et bureaux et la galerie marchande à rez-de-chaussée : c’est le deuxième sujet caché derrière l’énigme de la fontaine.

À l’ouverture, en 1972, derrière la façade sur l’avenue (Félix Potin, ancêtre de Monoprix, un fleuriste, à la place de l’actuel cabinet de radiologie, etc.), les 16 lots n’étaient pas tous occupés mais la galerie autour de la place était très fréquentée par les résidents, clients fidèles de la librairie-journaux, du coiffeur ou de la laverie-pressing-teinturerie (comme le bureau de poste installé au 1er étage de 1975 à 2002 – devenu bibliothèque pour les résidents). Les enfants aussi venaient jouer, courir et patiner en toute sécurité autour de la fontaine.  Assez vite, les commerces ont périclité (magasins de vêtements, de fourrure, de matériel informatique, studio d’enregistrement, etc.). Aujourd’hui, les 16 lots sont occupés, il y a toujours un coiffeur, bien installé face aux ruches du patio, mais les résidents connaissent moins le tapissier, l’imprimeur, le perruquier et les occupants des bureaux venus avec leur clientèle (agent immobilier, architecte, avocat, sociétés de domiciliation…).

Possible retour d’un lien plus fort entre la résidence et la galerie ? De nouveaux services (kinésithérapie, relaxation) renouent avec une logique de proximité couplée à une clientèle par Internet. La brocante d’avril 2018, dans les allées autour du patio, a rappelé à tous l’agrément de ce lieu abrité de la rue, baigné de lumière face aux arbres du patio.

La prochaine brocante en 2020, des projets de signalétique pour la galerie (plans, liste d’activités, enseignes, etc.) et la remise en eau de la fontaine pourront pousser les résidents à aller flâner dans la galerie. S’asseoir un instant sur la margelle est un des agréments de ce petit morceau de ville, avec ses 400 logements, ses équipements, les 7 commerces sur rue, les 16 lots de la galerie et les 16 locaux professionnels aux étages…

 

 

 

 

 

 

  

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